Le boom des livraisons de colis

Une addition salée pour l’écologie

La mention « livraison gratuite » sur les sites de vente en ligne sera-t-elle bientôt interdite ? Les commerçants devront-ils afficher sur internet le bilan carbone de leurs solutions de livraison ? Deux sénateurs le préconisent dans un rapport parlementaire consacré au transport de marchandises face aux impératifs environnementaux.

Publiés ce jeudi et confiés en avant-première au Figaro, ces travaux, conduits par Nicole Bonnefoy (PS) et Rémy Pointereau (LR), s’attachent à réduire l’impact environnemental des poids lourds et véhicules utilitaires légers (VUL).  « En France, près de 90% du transport intérieur de marchandises est réalisé par le mode routier (…), au détriment du fret ferroviaire et fluvial. 23% des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux transports résultent des poids lourds et 19% des VUL », expliquent-ils d’emblée. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, ces parlementaires appellent ainsi à « verdir le parc », en modifiant notamment la fiscalité.

L’écotaxe, rebaptisée « éco-contribution », y figure en bonne place, fondée cette fois « sur une tarification kilométrique, et harmonisée au niveau national ». Mais les sénateurs s’attardent également sur l’e-commerce et les « colis à tout prix » qui constituent le dernier maillon de cette chaîne des transports. Plus de 4 millions de cartons sont livrés chaque jour en France. « Une tendance fortement amplifiée par la crise sanitaire », précise le rapport. Afin de « responsabiliser» les consommateurs, les parlementaires préconisent de les sensibiliser à l’impact de leurs achats. « Ils doivent pouvoir mesurer réellement cet impact. Dire qu’une livraison est gratuite s’avère mensonger, il y a toujours un coût social et environnemental », affirme Nicole Bonnefoy. La sénatrice de la Charente, qui défend « une logique de vérité des prix », plaide pour la diversification des options de livraison. « Obtenir une paire de chaussures en 24 heures ne me semble pas vital. Les consommateurs doivent payer pour cela », juge-t-elle. À l’inverse, ceux prêts à patienter quelques jours supplémentaires, pour mieux « densifier » le transport, obtiendraient une ristourne sur les prix.

Comportements vertueux

« Ces propositions pourraient favoriser les commerces de centre-ville et rétablir une équité avec les habitants des territoires ruraux moins bien desservis », abonde Rémy Pointereau. Le sénateur du Cher en appelle lui aussi à « des comportements plus vertueux pour agir sur la problématique climatique ». Autre idée avancée par ces parlementaires : créer un label décerné aux entreprises engagées dans une démarche de logistique durable. Les camionnettes qui sillonnent la France et symbolisent l’e-commerce n’ont pas été oubliées par la mission : « Ces VUL représentent désormais 14% du trafic. Ils sont quatre fois plus nombreux au kilomètre que les poids lourds ».

Former leurs conducteurs à l’impact environnemental de leur conduite ou renforcer les contrôles techniques de ces camionnettes figurent parmi les suggestions parlementaires. Nicole Bonnefoy et Rémy Pointereau entendent les traduire rapidement en amendements. Le projet de loi climat et résilience, débattu en juin au Sénat, leur en donnera l’occasion.

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