Comment décarboner la logistique urbaine ?

La gestion des flux de marchandises, de plus en plus nombreux avec l’essor de l’e-commerce, pose des difficultés importantes en matière de logistique urbaine. Pour répondre aux enjeux du développement durable, de nouvelles solutions sont à chercher afin de mettre en place progressivement une logistique décarbonée efficace au sein des principales villes françaises.

 

Diminuer la pollution, un enjeu majeur

Le transport de marchandises est un problème d’ampleur dans l’Hexagone en raison des fortes pollutions qui en résultent. Dans les grandes villes, on estime qu’un cinquième des émissions de dioxyde de carbone, et près de la moitié des émissions de particules fines, sont dues au secteur de la livraison. La dégradation de la qualité de l’air et l’engorgement des hypercentres constituent à l’heure actuelle des préoccupations centrales dans des villes comme Paris, Marseille ou Lyon. Dans ce contexte, il apparaît urgent de mettre au point des alternatives en mesure d’accélérer la décarbonation de la logistique urbaine.

Un effet de saturation des transports en centre-ville est ainsi observé dans nombre de grandes villes françaises. Des bâtiments plus adaptés à ces problématiques deviennent une nécessité. On peut signaler à ce titre la construction en cours d’un immense « hôtel logistique » à Lyon. D’une superficie de 30 000 m², il sera situé au bord du Rhône pour une livraison en 2023 via un partenariat public-privé. Il aura pour mission de centraliser les flux de marchandises et de remplacer la livraison en camions par le recours à des véhicules électriques et des vélos-cargos.

 

Des solutions propres et innovantes à développer

Plusieurs grandes villes françaises cherchent des alternatives crédibles pour effectuer des livraisons dans leur hypercentre sans subir la contrainte d’émissions massives de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Afin de décarboner la logistique urbaine, la ville de Lyon a fait le choix d’encourager depuis quelques années le transport fluvial. La société Urban logistics solutions prend désormais en charge la livraison des commerçants du centre-ville via des péniches.

Combiner des moyens de transport à faibles émissions fait partie des méthodes à encourager dans ce but. À Strasbourg, ce sont plus de 110 tonnes de marchandises qui sont livrées en centre-ville avec une barge au biogaz et des vélos à assistance électrique conçus pour le transport de colis. La mise en œuvre de plateformes fluviales multimodales est actuellement à l’étude à Nantes comme à Paris. Preuve de l’importance prise par la logistique urbaine ces dernières années, il n’est pas rare désormais que dans les conseils municipaux les élus en charge des transports accordent une attention particulière au développement de ces infrastructures.

 

La mise en place de zones à faibles émissions

En matière de logistique décarbonée, les politiques d’aménagement du territoire en France misent avant tout sur l’instauration de zones à faibles émissions dans les villes dépassant 150 000 habitants à l’horizon 2024. Les centres-villes des principales métropoles françaises seront alors interdits aux camions de livraison pour diminuer la pollution, les nuisances sonores et désengorger le trafic. Il s’agit d’un complet changement de paradigme par rapport aux habitudes prises ces dernières années avec la construction de grands entrepôts en périphérie des villes. De nouvelles solutions devront être apportées pour favoriser une livraison du dernier kilomètre à faible émission.

Les aménagements nécessaires pour atteindre cet objectif se heurtent cependant à deux difficultés majeures : la rareté du foncier au cœur des grandes villes et le coût élevé des espaces logistiques urbains. Pour anticiper cette interdiction, la ville de Nantes est en train de revoir le schéma foncier de sa logistique urbaine en prévoyant de multiples espaces de stockage de petite taille dans l’hypercentre. Les métropoles devront également tenir compte des conditions de travail des livreurs pour concilier les impératifs écologiques et le facteur humain.

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